Au-delà des titres racoleurs et des réactions spectaculaires sur X (anciennement Twitter), un point crucial pour les entreprises françaises reste souvent sous-estimé : l'influence du Cloud Act américain et la manière dont la politique de Trump pourrait affecter nos données.
Elon Musk : l'homme le plus puissant de la tech, et bientôt du gouvernement ?
Depuis l'achat de Twitter, Elon Musk s'est de plus en plus impliqué dans la politique. Avec Trump de retour à la Maison Blanche, Musk pourrait bien devenir l'un des hommes les plus influents de l'administration américaine. Trump a même évoqué la possibilité de le nommer à la tête d'une éventuelle "Agence de l'efficacité gouvernementale". Autrement dit, Musk pourrait jouer un rôle décisif dans la déréglementation des secteurs qui le concernent – et donc directement influencer les entreprises qui dépendent de ses services, notamment dans les technologies spatiales et l'électrique.
Pour les entreprises françaises, cela signifie que Musk, qui possède un accès privilégié aux plus hauts échelons du pouvoir américain, pourrait voir ses entreprises être réglementées de façon très favorable. Mais cela ne garantit pas la protection de nos données et de nos intérêts européens.
Le Cloud Act : un spectre qui revient
Le Cloud Act, adopté sous la première présidence de Trump, autorise les autorités américaines à accéder aux données hébergées sur des serveurs appartenant à des entreprises américaines, même lorsque ces données se trouvent à l'étranger. Cette mesure avait déjà suscité de fortes inquiétudes parmi les entreprises européennes, et avec le retour de Trump, ces préoccupations reviennent sur le devant de la scène.
Avec Trump visant à alléger la réglementation pour favoriser les grandes entreprises américaines sur la scène internationale, les sociétés européennes pourraient faire face à une pression économique accrue, couplée à des incitations politiques et réglementaires, les poussant à adopter les services cloud américains. Cela pourrait également impliquer une concurrence déloyale où les entreprises américaines bénéficieraient de conditions particulièrement favorables, rendant plus difficile pour les acteurs européens de maintenir leur compétitivité.
Quelles conséquences pour les entreprises françaises ?
Les risques sont nombreux pour les entreprises françaises qui utilisent les services cloud américains. Le Cloud Act signifie que leurs données pourraient être partagées avec le gouvernement américain sans qu'elles en soient informées. Cela pose un vrai problème de confidentialité, en particulier dans des secteurs sensibles comme la santé, la finance, ou même les technologies de pointe.
La stratégie à adopter pourrait être de se tourner vers des fournisseurs européens tels que OVH, Scaleway, Infomaniak, et d'autres acteurs locaux. Ces fournisseurs offrent des solutions cloud qui garantissent la souveraineté des données et permettent de réduire la dépendance vis-à-vis des géants américains. Bien qu'il reste des défis à surmonter pour atteindre une compétitivité totale, ces acteurs représentent une alternative crédible et sécurisée pour les entreprises françaises.
Le défi du "soft power" américain
Avec Trump de retour au pouvoir, la pression exercée par les entreprises américaines sur les gouvernements étrangers risque de s'accentuer. On pourrait même voir une tentation pour certains gouvernements de céder face à cette pression économique, au détriment de la protection des données privées (voir l'article sur les données de santé française chez microsoft) . Pour les entreprises françaises, il est plus que jamais essentiel de rester vigilantes et de considérer soigneusement leurs choix de fournisseurs de services numériques.
L'impact de la victoire de Trump ne se limite donc pas aux gros titres et aux tweets explosifs de Musk. C'est une question de souveraineté numérique, de sécurité des données, et de liberté de choix pour les entreprises françaises et européennes.
Comment prévoyez-vous de sécuriser vos données face à cette nouvelle équation politique ?
À noter que certaines entreprises, comme Odoo, choisissent de stocker leurs données européennes chez des fournisseurs locaux tels qu'OVH, renforçant ainsi la souveraineté des données.
Edit 27/03/2025
L'administration Trump met en danger la section 230 régissant la responsabilité du contenu hébergé. Retrouvez l'article ici.
Crédit photo: Photo de Library of Congress sur Unsplash